Implication des acides gras polyinsaturés oméga-3 dans la rétinopathies des prématurés nouveaux-nés

Recherche ophtalmologique
Le développement du réseau vasculaire de la rétine s’achève au cours du 3e trimestre de grossesse et pendant les 15 premiers jours de vie du nouveau-né. Cette maturation tardive peut devenir problématique dans les cas de naissances avant terme et aboutir à une vascularisation immature de la rétine : on parle alors de la rétinopathie des prématurés (ROP), qui représente une cause majeure de cécité chez l’enfant.
Le programme
Plusieurs études scientifiques montrent que les acides gras oméga-3 peuvent prévenir l’apparition de la ROP. En effet, ces études ont montré que l’appauvrissement de l’organisme du nouveau-né en oméga-3 favorise le développement de la maladie et qu’une supplémentation de la mère et/ou de la descendance en oméga-3 permet de prévenir cette pathologie. Cependant, aucune étude n’a vérifié d’éventuelles anomalies dans le métabolisme des oméga-3 chez des sujets humains atteints de ROP, ni tenté d’en comprendre les origines.
Finalité et enjeux
Ce projet collaboratif entre l’équipe de recherche Œil et Nutrition de l’INRA et les services de Réanimation Néonatale, d’Ophtalmologie du CHU de Dijon caractérisera les oméga-3 chez des prématurés à fort risque de ROP. Une analyse poussée des oméga-3 (concentrations dans les globules rouges, origine) et des molécules actives qui en sont dérivées (appelées prostaglandines) permettront, d’une part de confirmer formellement, et d’autre part de mieux comprendre cette relation entre oméga-3 et ROP chez l’homme.
originalité et innovation
Cette étude sera la toute première à évaluer le métabolisme des oméga-3 chez des enfants prématurés à fort risque de ROP. Elle sera ainsi la toute première à avoir la capacité de démontrer de façon formelle un lien scientifique entre oméga-3 et apparition de la ROP chez l’homme.
Ce programme est innovant car il réalisera une analyse poussée des oméga-3 sanguins par une méthode de chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse, qui est une technique analytique de pointe, disponible uniquement dans quelques laboratoires de recherche au monde.
Résultats attendus
A travers l’analyse des oméga-3 sanguins selon des techniques de pointe, ce projet permettra de mettre en évidence des anomalies du métabolisme des oméga-3 et d’en caractériser l’origine. Les données permettront de mieux appréhender les enfants à risque de ROP et d’optimiser la composition en oméga-3 des substituts alimentaires lipidiques qui leurs sont destinés. Les résultats de ce projet ouvriront également la voie à d’autres études sur les relations mère/enfant au cours de la grossesse en relation avec la prématurité et la ROP.
L'équipe
Les porteurs du projet
Niyazi ACAR : chercheur au sein de l’équipe Œil, Nutrition de l’INRA de Dijon (UMR CSGA) depuis 2003, a obtenu un DEA en Sciences des Aliments en 1999 avant d’être lauréat d’une Thèse de Doctorat en Nutrition (2002) sur les effets des acides gras trans sur la fonction cérébrale et rétinienne du nouveau-né et de l’adulte vieillissant, avant de finir son cursus par un stage de recherche post-doctoral au Département de Physiopathologie de la Vision de l’Hôpital Universitaire de Tübingen (Allemagne) sur l’étude des modèles animaux de la Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge.
Charlotte PALLOT : ophtalmo-pédiatre au sein du servicie Ophtalmologie du CHU de Dijon, elle a obtenu en 2016 le titre de Docteur en médecine avec une thèse portant sur le suivi clinique de la rétinopathie des prématurés publiée dans Ophtalmic Research. Très impliquée dans le dépistage de la rétinopathie des prématurés, le suivi ophtalmologique de ces enfants et la recherche en matière de développement rétinien. Diplômée en 2015 d'un Master 2 de recherche portant sur le développement vasculaire rétinien chez les souris.
L’équipe :
L’équipe Œil, Nutrition du CSGA a pour objectifs : i) de comprendre comment certaines entités lipidiques participent au fonctionnement physiologique et pathologique de la rétine et, ii) d’appréhender l’impact des facteurs diététiques sur ces processus. L’équipe regroupe des personnels chercheurs, ingénieurs et techniciens INRA, mais aussi des chercheurs associés du CHU de Dijon (PU-PH du Service d’Ophtalmologie et PH du Service de Biochimie).
Les recherches de l’équipe se situent à la frontière entre la nutrition et l'ophtalmologie, et concernent des questions importantes de santé publique. Les projets incluent des études nutritionnelles chez l’animal et l’homme ainsi que des études destinées à la compréhension de mécanismes physiopathologiques dans la rétine. Au cours de la période 2010-2015, l'équipe a publié 48 articles, dont 5 revues, avec plus de 50% des manuscrits dans des journaux scientifiques classés dans le premier quartile.